La mère dira que c'est bien, que c'est ce qu'il faut pour s'installer à Paris, elle dira : ça ira avec cinq cents piastres.
L'enfant sait que ce quelle fait, elle, c'est ce que la mère aurait choisi que fasse son enfant, si elle avait osé, si elle en avait la force, si le mal que faisait la pensée n'était pas là chaque jour, exténuant.
Dans les histoires de mes livres qui se rapportent à mon enfance, je ne sais plus tout à coup ce que fai évité de dire, ce que j'ai dit, je crois avoir dit l'amour que l'on portait à notre mère mais je ne sais pas si fai dit la haine qu'on lui portait aussi et l' amour qu'on se portait les uns aux autres, et la haine aussi, terrible, dans cette histoire commune de ruine et de mort qui était celle de cette famille dans tous les cas, dans celui de l'amour comme dans celui de la haine et qui échappe encore à tout mon entendement, qui m'est encore inaccessible, cachée au plus profond de ma chair, aveugle comme un nouveau-né du premier jour.
Elle est le lieu au seuil de quoi le silence commence.
Ce qui s'y passe c'est justement le silence, ce lent travail pour toute ma vie.
Je suis encore là, devant ces enfants possédés, à la même distance du mystère.
Je n'ai jamais écrit, croyant le faire, je n'ai jamais aimé, croyant aimer, je n'ai jamais rien fait qu'attendre devant la porte fermée.
Quand je suis sur le bac du Mékong, ce jour de la limousine noire, la concession du barrage n'a pas encore été abandonnée par ma mère.
De temps en temps on fait encore la route, comme avant, la nuit, on y va encore tous les trois, on va y passer quelques jours.
On reste là sur la vérandah du bungalow, face à la montagne du Siam.
Et puis on repart.
Elle n'a rien à y faire mais elle y revient.
Mon petit frère et moi on est près d'elle sur la vérandah face à la forêt.
On est trop grands maintenant, on ne se baigne plus dans le rac, on ne va plus chasser la panthère noire dans les marécages des embouchures, on ne va plus ni dans la forêt ni dans les villages des poivrières.
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